Il y aurait environ 110 000 personnes souffrant d’une sclérose en plaque (SEP) en France. Mais cette maladie est-elle héréditaire ? Et peut-on transmettre la SEP à son enfant ?
Le Dr. Céline Louapre, neurologue, explique : « C’est une pathologie qui se développe plutôt chez l’adulte jeune avec un pic d’apparition vers l’âge de 30 ans« . La sclérose en plaque « touche le système nerveux central, c’est-à-dire le cerveau, la moelle épinière, le cervelet, le tronc cérébral et les nerfs optiques », elle peut se manifester de plusieurs façons :
- Les troubles moteurs : des difficultés à la marche ou une perte de force,
- Les troubles de la sensibilité : des engourdissements ou des fourmillements, mais également des douleurs dans un membre ou même dans une moitié du corps,
- Les troubles de l’équilibre : des vertiges, des troubles de la coordination,
- Les troubles visuels : une perte de la vision d’un œil ou une vision double,
- Les troubles cognitifs : des difficultés de concentration, de la mémoire.
Quelles sont les causes de la sclérose en plaque (SEP) ?
« Pour la sclérose en plaques, il est compliqué de parler de « causes », notamment parce que beaucoup d’entre elles n’ont pas encore été déterminées. On préfère parler de « facteurs de susceptibilité » : ce sont des éléments qui augmentent le risque de développer la maladie. » selon Dr Louapre.
Mais avoir un facteur de risque de la sclérose en plaques ne signifie pas forcément qu’on va attraper la maladie. « Une personne qui fume aura un risque accru de développer un cancer du poumon, car le tabagisme est un facteur de risque de cette maladie. Mais ça ne veut pas dire que tous les fumeurs développent de façon systématique un cancer du poumon ! » explique la neurologue.
De plus les études épidémiologiques sont formelles. Les différents facteurs de susceptibilité de la SEP « n’ont qu’un impact modeste sur le risque de développer la maladie« . Mais ils sont toutefois cumulatifs : plus on a de facteurs de susceptibilité, plus le risque de SEP est important.
Les facteurs de susceptibilité de la sclérose en plaques sont d’abord environnementaux. On peut par exemple parler de :
- Un déficit en vitamine D,
- L’infection par le virus Epstein-Barr,
- Le tabagisme.
Il y a aussi des facteurs de susceptibilité génétiques. « À ce jour, 200 variants génétiques pouvant potentiellement augmenter le risque de SEP ont été identifiés : la moitié d’entre eux sont situés dans des gènes qui codent pour le système immunitaire » signale le Dr. Céline Louapre.
La sclérose en plaques (SEP) se transmet-elle à nos enfants ?
Il faut savoir que : « 90 % des patients atteints d’une sclérose en plaques n’ont pas d’antécédents familiaux, même au 2ème ou au 3ème degré ! » confirme la neurologue. Dans la majorité des cas, cette pathologie se déclare donc de manière aléatoire.
Parfois les parents qui sont atteints de sclérose en plaques ont effectivement un risque plus important que la moyenne de donner naissance à un enfant souffrant de cette maladie. Si par exemple les deux parents ont une SEP, l’enfant présenterait un risque compris entre 10 % et 30 %. Alors que si un seul des deux parents est atteint, le risque sera seulement compris entre 1 % et 2 %. Si les deux parents sont sains, le risque de naissance d’un enfant atteint de la SEP est 0,1 %.
« On ne peut pas qualifier la sclérose en plaques de « maladie héréditaire » : en effet, contrairement à la maladie de Huntington par exemple, cette pathologie ne se transmet pas de façon systématique du parent à l’enfant lorsque certains « paramètres génétiques » sont réunis, raconte le Dr. Céline Louapre. L’enfant peut, en revanche, hériter de facteurs de susceptibilité génétiques.«
On sait qu’il n’existe aucun test qui permettrait de dépister la sclérose en plaques pendant une grossesse. « Ce ne serait pas pertinent, surenchérit la neurologue. La SEP est une maladie complexe et multi-factorielle. Les facteurs de susceptibilité génétiques sont nombreux, différents selon les patients et aucunement prédictifs !«